Domaine de Bonaventure
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
Le deal à ne pas rater :
Cdiscount : -30€ dès 300€ d’achat sur une sélection Apple
Voir le deal

Avicenne.

Aller en bas

 Avicenne. Empty Avicenne.

Message  Brixius Mer 31 Juil - 11:17


Avicenne


"Le temps fait oublier les douleurs, éteint les vengeances, apaise la colère et étouffe la haine ; alors le passé est comme s'il n'eût jamais existé."

Abu Ali al-Hussein ibn-Abdullah Ibn-Sina, connu par les Occidentaux sous le nom d'Avicenne, est probablement né en l'année 980, près de Boukhara en Perse.

A dix ans il connait le Coran, et les belles-lettres : l'arabe littéraire, la philosophie, les lettres grecques.
Pluridisciplinaire, Avicenne se préoccupe de tous les domaines de la pensée et du savoir :

- à seize ans il achève ses études de Droit.
- scientifique, il s'intéresse à l'arithmétique, l'algèbre, la géométrie, aux sciences de la nature et de la médecine.
 - Artiste, il s'intéresse à la musique, la littérature et la poésie.
- théologien éclairé, il tente de réintégrer le dogme dans son élaboration philosophique. Pour lui, la métaphysique doit apporter la preuve de l'existence du dieu créateur.
- philosophe écouté, il commente l'œuvre d'Aristote. C'est un scientifique qui s'efforce d'amener les théories grecques au niveau de ce que son étude du concret lui a apporté pour lui, la logique est la science instrumentale des philosophes
- écrivain de talent, orateur, politicien actif, il léguera essentiellement à la médecine son "Canon" (Al Qanun Fi-Tibb).

A 18 ans Avicenne achève l'étude de la médecine. C'est cette discipline qui lui vaut tout d'abord sa célébrité, puis qui l'aide à vivre.
A vingt-et-un ans, il écrit son premier livre de philosophie. Il entame la traduction et le résumé des oeuvres d'Hippocrate et de Galien, qu'il annote scrupuleusement.
A vingt-deux ans, contraint par la mort de son père de gagner sa vie, il intègre l'administration. Il est admis à la Cour de Boukhara, devient Vizir et médecin du Prince Nub-Ibn-Mansur. Avicenne est autorisé à fréquenter la très riche bibliothèque du palais royal.

Peu après, il devient le Vizir d'Ali ibn Maimun, le souverain de Khawarazm ou de Khiva.

Plusieurs fois ministre, les affaires juridiques de l'état le passionnent, il acquiert une solide réputation.
Mais sa vie politique proche des princes est une succession de désignations, de destitutions, d'emprisonnements et d'évasions. Mêlé alors à de nombreuses intrigues, il jouit d'une telle influence qu'il devient l'objet de pressions, sollicitations, jalousies, tantôt poursuivi par ses ennemis, tantôt convoité par des princes adversaires.
Obligé de fuir Boukhara, afin d'éviter d'être enlevé par le Sultan Mohammed El-Ghazin, il se cache à maintes reprises, vivant alors de ses seules consultations médicales. Il mène une vie itinérante et mouvementée, il parcourt le Turkestan, l'Iran, la Mésopotamie.

En 1015, au sud de la Perse, il est amené à soigner avec succès le dirigeant de Hamadan appelé Chams al-Dawla qui souffrait de colique néphrétique. Ce dernier le nomme aussitôt son Médecin de cour et son Vizir.

En 1023 il se réfugie auprès d'Alaa-Ud Dawla, l'émir d'Ispahan, en Perse. C'est alors l'époque la plus clémente et la plus fertile de son existence. Revenu à Hamadan, où il accompagne son prince en expédition, après de nombreuses vicissitudes et un travail acharné, Avicenne tente de se soigner lui-même, sans succès, ce qui fit dire à ses détracteurs que "sa médecine ne pouvait pas sauver son corps et que sa métaphysique ne pourrait pas sauver son âme".

"Ayant distribué ses biens aux pauvres, libéré ses esclaves, fait ses ablutions et écouté le Coran", il meurt brutalement en 1037 à Hamadan d'une affection gastrique.

*
**

En médecine...
Ibn Sina s'est particulièrement distingué en médecine où il fit de nouvelles découvertes. Il est le premier à parler, en détail, d'un ver circulaire, connu aujourd'hui comme l'Ancylostoma. Il a étudié les troubles nerveux et débouché sur certaines réalités psychologiques et pathologiques par le biais de la psychanalyse. Il estimait que les facteurs psychiques et cérébraux influent énormément sur les organes du corps et leurs fonctions. Il a décrit, en outre, l'apoplexie, causée par l’hypertension sanguine.

Son apport en médecine est immense, fondé sur ses propres observations. Car c'est grâce à l'expérimentation, à laquelle il accordait une place de premier ordre, qu'il parvint à des observations fiables. Citons, à titre d'exemple, sa perception de la nature contagieuse de la tuberculose, la propagation des maladies à travers l'eau et le sol, sa description minutieuse des maladies de la peau, ainsi que les maladies vénériennes. Sans oublier sa description pharmaceutique pour la préparation d'un certain nombre de remèdes.

Ibn Sina fut aussi le premier à découvrir les infections contagieuses de la membrane cérébrale, qu'il distingua des autres infections chroniques. Il établit le premier diagnostic explicite de la sclérose du cou et de la méningite. Il traita également la paralysie faciale et ses causes, distinguant entre la paralysie provoquée par une cause cérébrale et celle d'origine locale.

En physique...
Dans le domaine de la physique, Ibn Sina a contribué à l'étude d'un certain nombre de phénomènes naturels tels que le mouvement, la force, le vide, l'infini, la lumière et la chaleur. Il a constaté, en outre, que si la perception de la lumière provenait de la projection d'un certain type de corpuscules par une source lumineuse, la vitesse de la lumière devrait être obligatoirement limitée.

En géologie...
Ibn Sina a contribué, d'autre part, à la géologie par sa thèse sur la constitution des montagnes, des pierres précieuses et des minéraux. Dans cette thèse, il a discuté de l'influence des séismes, de l'eau, de la température, des sédiments, de la fossilisation et du déboisement.

En mathématiques et en astronomie...
Il est passé également maître en mathématiques et en astronomie, traitant religieusement, physiquement, et mathématiquement, de questions portant sur les corps infinitésimaux, ce qui permit à Newton et à Leibniz, au XVIIe siècle, de mettre au point le calcul infinitésimal.

*
**

Le nombre des œuvres écrites d'Ibn Sina dépasse les deux cents ouvrages et thèses.

C'est pendant la période de son séjour auprès de l'émir d'Ispahan qu'il écrit son ouvrage le plus célèbre et le plus considérable sur la philosophie et la médecine, le "Kitab Al Qanum fil-Tibb" ("Canon de la médecine") qui est une revue de synthèse claire et ordonnée de tout le savoir médical. Cette encyclopédie est composée de 5 livres :

- Volume I - Description des principes et des théories de la médecine. Panoram de l'anatomie, de la philosophie et de la pathologie des différents organes
- Volume II - Classification des médicaments simples par ordre alphabétique, avec description des propriétés thérapeutiques de chacun.
- Volume III - Description des maladies localisées du corps, de la tête aux pieds.
- Volume IV - Description des symptômes des maladies, les fièvres par exemple.
- Volume V - Enumération de 760 médicaments composés.

Les maladies sont présentées dans un ordre topographique, de la tête aux pieds, telles qu'elles étaient connues à l'époque. Enrichi de ses propres observations, demeuré longtemps un classique des universités d'Occident, le "Canon" s'appuie davantage sur des connaissances encyclopédiques antérieures que sur l'expérience personnelle ; ses écrits apparaissent beaucoup plus philosophiques que cliniques.
C'est néanmoins une synthèse convenable, un essai grandiose de codification des doctrines médicales d'Hippocrate, de Galien et d'Aristote.
Son succès durable fut probablement lié à des causes idéologiques : l'objectif d'Avicenne avait été en effet de concilier les doctrines d'Aristote et de Galien.

On peut y trouver :

- L'amour classé parmi les maladies cérébrales au même titre que l'amnésie ou la mélancolie...
- Il décrit les deux formes de paralysies faciales : centrale et périphérique, les symptômes de la cataracte, de la méningite, et différentes variétés d'ictères etc.
- Il donne la symptomatologie du diabète.
- Il sait faire le diagnostic différentiel entre la sténose du pylore et l'ulcère d'estomac.
- Il distingue la pleurésie de la médiastinite et de l'abcès sous phrénique.
- Il pressent le rôle des rats dans la propagation de la peste.
- Il indique que certaines infections sont transmises par voie placentaire.
- Il préconise l'utilisation de vessie de glace et les lavements rectaux.

Du XIIe au XVIIe siècle, le Canon de la Médecine sera reconnu comme le fondement de la médecine pour les praticiens, il alimentera l'enseignement et la pratique médicale en Europe jusqu'au début de la Renaissance.
Entièrement traduit en latin par Gérard de Crémone entre 1150 et 1187, et imprimé pour la première fois dans une version en hébreu à Milan en 1473, puis à Venise en 1527 et à Rome en 1593.

Le Canon eut un tel succès qu'il évinça les travaux faits avant lui par Razes (850-926), Haly-Abbas (930-994) et Abulcassis (936-1013) et ceux faits après lui par Ibn-Al-Nafis (1210-1288).

"Kitab Al-Chifaa" (Livre de la guérison de l'âme) est une œuvre philosophique dans laquelle on trouve des écrits à partir de traductions de textes anciens sur les sciences naturelles, les mathématiques ou encore la métaphysique auxquelles Avicenne a ajouté ses propres observations ou commentaires. Il décrit la descente de l'Ame dans le Corps, en provenance de la plus Haute Sphère qui est sa demeure [la demeure de l'âme].

"Quand j'ai entrepris ce livre, j'ai commencé par la Logique, : j'y ai exposé des mystères et des subtilités qui ne se trouvent pas dans les livres dont nous disposons. J'ai poursuivi par la Physique [...] ; j'ai poursuivi ensuite par la Géométrie ; j'ai alors résumé, de manière subtile, le livre des éléments d'Euclide [...]. J'ai fait suivre cela d'un résumé du livre de l'Almageste, en astronomie, et, outre le résumé, d'un éclaircissement et d'une explication. J'y ai joint, après avoir terminé cela, quelques compléments que l'élève doit connaître pour atteindre l'achèvement de l'art et pour faire coïncider les règles de l'observation et les lois naturelles [...]."

Le "Kitab al-Icharat wal Tanbihat" (Livre des signes et des avertissements) présente des études en sciences naturelles, en théologie, en soufisme et sur la morale.

Avicenne a résumé sa pensée médicale dans un "Urdjuza Fi-Tib" ("Poème de Médecine") de 1300 vers, traduit par Armengaudus Blasii (Armengaud Blaise), médecin de Jacques II d'Aragon et du Pape Clément V qui commence par cette pensée: "la médecine est l'art de conserver la santé et éventuellement, de guérir la maladie survenue dans le corps".

Il consacra les dernières années de sa vie à la philosophie et composa un "Traité de l'âme et du destin", un "Guide de la Sagesse", une "Vie de la Vertu et du Péché". Sa pensée sur la distinction de l'"Essence" de l'être et de l'"Existence" sera exploitée par Thomas d'Aquin ; elle est une des bases de la philosophie scolastique néo-aristotélicienne du Moyen Âge chrétien.

Avicenne qui écrivait sans relâche en toutes occasions a laissé 156 ouvrages, 21 sont d'une grande importance, parmi eux 16 sont consacrés à la médecine. Toutes ses connaissances n'étaient accessibles que de mémoire : il citait Aristote sans avoir besoin de le relire.
Brixius
Brixius
Admin

Messages : 1064
Date d'inscription : 12/08/2010
Localisation : Bordeaux

https://familledebonaventure.forumgratuit.org

Revenir en haut Aller en bas

Revenir en haut


 
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum